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Enseigner en formation professionnelle c’est toute une aventure pour ceux qui y ont survécu. Les commentaires et les outils que je vous propose ont tous à l’origine une histoire vécue. Durant mes années d’enseignement et comme conseiller pédagogique, j’ai eu à faire face à des situations qui ont fait en sorte de me conduire à élaborer des stratégies et des outils pour être en mesure de les gérer de la meilleure façon possible.

À plusieurs reprises, je me suis fait demander pourquoi je proposais tel ou tel outil didactique. Qu’est-ce qui pouvait bien me faire penser que cela pouvait être utile ou bénéfique ? Je me suis rendu compte dernièrement que pour moi ces outils et ces stratégies étaient évidents, mais que pour les autres le facteur QCD (qu’est-ce que cela donne ?) se manifestait.

J’ai donc pris la décision de vous raconter les origines des outils et des stratégies que je vous propose. Il est plus que probable que plusieurs vont se reconnaître dans les expériences de vie que je vais vous présenter. Je ne tiens pas à vous démontrer la pertinence scientifique des moyens didactiques que j’ai créée, mais simplement vous présenter le bien fondé de leur existence. Les thèmes que je vous présenterai sont en lien avec des situations d’enseignement que j’ai vécues durant mes dix années d’enseignement.

Au commencement, je ne me destinais pas à l’enseignement. Mes études en géographie me destinaient plutôt à travailler en environnement. Le problème c’est que durant les années 70 l’environnement n’était pas un sujet d’actualité. Le travail y était donc assez rare. Mon frère démarrait un atelier d’ébénisterie, je me suis dit qu’en attendant cela serait une occupation intéressante. C’est ainsi que j’ai appris le métier d’ébéniste. Quelques années plus tard, j’aspirais à avoir un travail qui ne me demandait pas de payer mon salaire plutôt que d’en avoir un.

En lisant le journal, je vois l’annonce d’une commission scolaire qui était à la recherche d’un ébéniste pour enseigner aux adultes. Je me suis dit qu’en attendant cela serait une occupation intéressante. J’ai appliqué et j’ai eu le poste. J’ai été engagé le vendredi et j’ai débuté l’enseignement le lundi.J’avais vingt-quatre ans, j’étais le plus jeune de la classe. Je ne savais pas enseigner, mais je connaissais mon métier. Je me suis dit que cela n’était pas important de savoir enseigner, ce qui était important c’était de connaître le métier. C’est durant les premières semaines que j’ai découvert qu’être ébéniste et de faire apprendre l’ébénisterie c’était deux choses. Je venais de tomber dans la réalité. Mon rôle de survivant débuta.

Je faisais partie des privilégiés, j’ai eu une fin de semaine pour me préparer. On m’avait remis un programme d’une page qui indiquait que les participants à la formation devaient apprendre à faire des meubles et que les critères d’admission au cours étaient d’être capable de lever cinquante livres et qu’ils devaient aimer manipuler des choses. C’est avec ces informations que j’ai débuté ma première préparation de cours. C’est à ce moment que l’aventure commença.

Voici les titres de mes prochaines rubriques :

  1. Ma première préparation de cours.
  2. Ma première journée d’enseignement.
  3. C’est plate en classe.
  4. Je n’arrête pas de courir en atelier.
  5. J’en ai un qui fait du trouble.
  6. Ils attentent que je leur dise quoi faire.
  7. Je ne savais pas qu’il fallait que je fasse de la discipline.
  8. Ils n’ont pas les préalables.
  9. Il y en a qui ne sont pas fait pour ce métier.
  10. Je pensais qu’ils seraient mes amis.
  11. Ils ne sont pas motivés.
  12. Ils ne comprennent pas ce que je leur dis.
  13. C’est la faute à la machine.
  14. Ils font seulement ce que je leur dis de faire.
  15. Je manque de temps.
  16. Ma première contestation.
  17. Mon premier accident.
  18. Je ne peux pas avoir vécu cela pour rien.